LA  CALE 2  L'ÎLE


Histoire du 12 m2

Histoire du 12 m2 du HAVRE

C’est au milieu des années vingt, à l’initiative de la Société des Petites Régates du Havre, créée en 1866 par M. Lecomte, constituée de passionnés de sport de voile, d’amateurs de navigation de plaisance et de propriétaires de canots de 10, 12 et 15 pieds, que le 12m² du Havre, mis au point par l’architecte Gaston Grenier, voit le jour.  
Contemporaine des fameuses “Mouettes” et “Hirondelles” Havraises, cette série à restrictions locale, entièrement réalisée en bois, dédiée à la plaisance, mesurant environ 6 mètres de long, d’un poids de 600 à 700 kg, dotée d’une surface de voilure de 12m², extrêmement performante, aux lignes élégantes et élancées, polyvalente tant en mer que sur plan d’eau intérieur, construite à une soixantaine d’exemplaires, connaît dès sa sortie un succès certain auprès d’une classe moyenne aux revenus relativement modestes.
L’après-guerre marque un coup d’arrêt au développement et à la construction des 12m². Un demi-siècle après la sortie du dernier modèle de la série, seule une dizaine d’entre eux, pas toujours en état de naviguer, ont survécu tant bien que mal aux outrages du temps. En 2007, les plans du « Solange » , dessiné en 1927 par Maurice Bertin, et trois autres plans du même architecte sont reconstitués. Ils serviront de référence pour concevoir les 12m² nouvelle génération.
Le 13 mars 2009, la toute nouvelle Association « Les 12m² du Havre », présidée par Manuel Lavoinne, se donne pour objectif de redonner vie à la série. Attaché à l’esprit de convivialité entre propriétaires, équipiers et passionnés de plaisance, l’association tout en développant son propre réseau de compétences, se tourne vers la fourniture de plans – anciens ou nouveaux – destinés à la construction amateur. Pour relancer l’intérêt du grand public, l’association s’inspire de ce qui a fait autrefois le succès de ces voiliers en lançant un concours de plans, analogue à celui lancé en 1927, visant à concevoir de nouveaux modèles tout en tenant compte des spécifications publiées en novembre 1924 dans la revue Le Yacht.
Mariage de tradition et de modernité, le premier 12m² du 21ème siècle “Sitta” est mis à l’eau à Saint-Valéry-en-Caux en Septembre 2010. Ce nouveau modèle, bénéficiant des dernières avancées technologiques, construit selon la méthode du "strip planking" , respecte à la lettre l’esprit, les restrictions dont le plan de voilure de ses prédécesseurs. A peu de distance, tout en travaillant à la conclusion de partenariats régionaux visant à produire des séries limitées de manière professionnelle, l’association fait un pas décisif sur la voie de la renaissance des voiliers de type 12m² de voilure dite "du Havre", en accueillant la nouvelle unité “Sterna” mise à l’eau le 20 août 2011 à Saint-Valéry-en-Caux. 
Par ailleurs, quatre autres constructions amateur ayant été lancées , on peut d’ors et déjà considérer que l’Association des 12m² du Havre a amplement gagné son par i.
1. Etude architecturale Une lecture moderne de la jauge des 12m2 du havre amène naturellement à moderniser le plan de voilure, à l’instar de la jauge des 6.5m. Tout en respectant la règle de répartition et de longueur totale des lattes de grand voile, ce projet utilise la latte haute comme une latte forcée: le rond de chute est fortement augmenté, la surface réelle de grand voile est double par rapport au calcul de la surface de jauge. Avec une position d’étai un peu plus haute en proportion par rapport à un plan de voilure classique, on augmente la surface de génois et on peut établir un spi plus grand, même si cela se fait au détriment de la hauteur de mat. Pour équilibrer ce surplus de mètres carrés, trois directions ont été suivies en parallèle : bonne stabilité de forme, bon rappel du lest et rappel dynamique de l’équipage. Bonne stabilité de forme Même si la largeur au maître bau ne dépasse pas 1.50m, la stabilité de forme est Obtenue par des sections un U sur la quasi-totalité de la longueur du bateau. L’inertie de surface de flottaison est ainsi 30% supérieure à une carène classique en V. Ces sections en U procurent un allongement rapide de la flottaison dès les premiers degrés de gîte. La largeur au tableau ne dépasse pas les 60% de la largeur au maître bau afin que les lignes d’eau à la gîte ne soient trop dissymétriques, gardant ainsi un bon angle d’attaque aux écoulements sur le plan antidérive aux allures de près.
Le Chasse Marée a consacré son numéro 96 au "bel Ami", un 12 m2 du Havre
Le Chasse Marée
Plein d'information sur le 12 m2 du havre est disponible sur le site de Port-Rhu
Port Rhu
De nouvelles constructions de 12 m2 du Havre ont abouti et ont donné de bien beaux résultats
Un 12m2 du XXIe siècle

Qu'est-ce qu'un 12 m2

1. Etude architecturale

Une lecture moderne de la jauge des 12m2 du havre amène naturellement à moderniser le plan de voilure, à l’instar de la jauge des 6.5m.
Tout en respectant la règle de répartition et de longueur totale des lattes de grand voile, ce projet utilise la latte haute comme une latte forcée : le rond de chute est fortement augmenté, la surface réelle de grand-voile est double par rapport au calcul de la surface de jauge. Avec une position d’étai un peu plus haute en proportion par rapport à un plan de voilure classique, on augmente la surface de génois et on peut établir un spi plus grand, même si cela se fait au détriment de la hauteur de mat.
Pour équilibrer ce surplus de mètres carrés, trois directions ont été suivies en parallèle : bonne stabilité de forme, bon rappel du lest et rappel dynamique de l’équipage
Bonne stabilité de forme 
Même si la largeur au maître bau ne dépasse pas 1.50m, la stabilité de forme est obtenue par des sections un U sur la quasi-totalité de la longueur du bateau. L’inertie de surface de flottaison est ainsi 30% supérieure à une carène classique en V. Ces sections en U procurent un allongement rapide de la flottaison dès les premiers degrés de gîte. La largeur au tableau ne dépasse pas les 60% de la largeur au maître bau afin que les lignes d’eau à la gîte ne soient trop dissymétriques, gardant ainsi un bon angle d’attaque aux écoulements sur le plan anti-dérive aux allures de près. 
Bonne stabilité de forme 
Le lest a été choisi au minimum autorisé par la jauge, 200kg, ceci pour garantir une surface mouillée et une maîtresse section immergée les plus petites possibles. Pour en tirer le meilleur parti, il est donc placé relativement bas pour un 12m2, puisque le tirant d’eau est de1.18m. Avec sa base plate et large, la section du lest permet de descendre son centre de gravité au maximum. Pour ne pas subir une augmentation de surface mouillée, le plan antidérive adopte une configuration inédite pour un 12m2 : le profil est celui d’une quille longue respectant la règle des 10cm de flèche de la jauge mais l’évidement de bordé permet l ‘économie de surface mouillée.
Rappel dynamique de l’équipage
Dès que le vent forcit, le rappel de l’équipage peut être augmenté par l’utilisation de trapèze. L’ajout d’une échelle sur chaque bord peut se révéler utile dans les conditions les plus musclées. Ainsi la conjugaison simultanée de ses trois facteurs permet d’obtenir une carène moderne qui à largeur, surface mouillée et déplacement égaux par rapport à une configuration classique de quille longue, procure un surplus de puissance à toutes les allures. On notera également que la position très avancée du cockpit permet un centrage optimum du poids de l’équipage. Pour la sécurité, le cockpit est rendu auto-videur et les cloisons avant et arrière du cockpit sont étanches. Vues en 3 dimensions au chapitre 9, pages 6 et 7 

2. Coque : méthode de construction

Une interprétation moderne de la jauge laisse entrevoir une possible utilisation de matériaux modernes très performants. Pour autant, cette unité reste une construction en bois. Ainsi pas de bordé en mousse/fibre de carbone ou nid d’abeille et verre/époxy en infusion sous vide, mais une unité que l’on peut qualifier de « bois moderne ». C’est ce juste milieu entre modernité et respect de la jauge qui conserve ainsi le caractère accessible et économique souhaité par la jauge. Malgré son caractère innovant, ce projet reste donc à la portée d’une construction par des amateurs aux moyens de mise en œuvre limités.
La construction « quille en l’air » s’articule autour de couples en contre-plaqués qui reçoivent la structure axiale et le bordé de type strip-planking. Contrairement à une construction mousse + stratification, cette méthode ne nécessite pas la construction d’un moule et se prête bien à la construction à l’unité. Pour gagner du temps lors de la pose des lattes de bordé, la quille ne comporte pas de râblure, exceptée au niveau de la jonction de l’allonge de la quille avant sur la coque. Un chapeau d’étrave vient terminer le profil avant de l’étrave.
Le plan anti-dérive est réalisé en deux parties lamellées-collées, assemblées par une plaque inox boulonnée. Ce dessin évite de réaliser une unique pièce courbe en lamellé courbe qui aurait nécessité la fabrication d’un conformateur. L’ensemble vient ensuite se boulonner sur la quille à l’avant et sur le couple incliné à l’arrière. Apres retournement, le lest peut être rapporté et les barrots et le pont posés.
Détails de construction : · 
  •  Quille, étrave, étambot, allonge de voûte en lamellé-collé  
  •  Bordé de coque de type strip-planking en red cedar avec une pose sèche. Un enduisage époxy sur la globalité de coque, puis la pose d’un tissu de verre de 300gr/m2 assurera sa cohérence structurelle ·
  • Couples et membrures en contre-plaqué collés par joint congés sur le bordé ·
  • Cloisons latérales longitudinales en contre-plaqué ·
  • Varangues en massif boulonnées à la quille ·
  • Serres-bauquières en pin d’Oregon collées au bordé ·
  • Barrots en pin d’Oregon ·
  • Bordé de pont en lames de red cedar vissé sur le barrotage, recouvert d’une toile coton imprégnée de peinture ·
  • Le boulonnage axial et visserie en Inox A4
Pour le bordage de pont, l’utilisation de lames de red cedar offre plusieurs avantages :
  • C’est un bois moins dense que le contreplaqué et qui supporte très bien l’utilisation en milieu humide 
  • Par rapport à un pont CP + lame collée, le temps de mise en œuvre est inférieur car on évite la pose du CP ·
  • Entoiler le pont permet d’étanchéifier efficacement et durablement celui-ci au contraire de pont mixte lame + CP où des infiltrations d’eau sont possibles ·
  • Enfin on dispose les lames de bois parallèlement à l’axe du navire, sans avoir besoin de gabariage complexe
L’option red cedar + entoilage permet donc une économie très appréciable sur le temps de mise en œuvre du pont tout en garantissant étanchéité et durabilité. 

3. Possible adaptation à la construction à bouchain

Au vu des sections très en U de la carène, une version à bouchains vifs de ce bateau pourrait être facilement envisagée. Et toujours dans l’optique d'une construction facile et économique, il serait alors naturel d’utiliser des bordés en contre-plaqué, ce qui aurait plusieurs avantages : ·
  • Méthode de construction facile à mettre en œuvre 
  • Rapidité de construction
  • Possibilité de kit à découpe laser
  • Economie sur le coût de matériaux 
Cependant plusieurs facteurs empêchent le contreplaqué d’être utilisé pour la construction d’une unité de 12m2 performante en bois : sa densité est supérieure à celle du red cedar. D’autre part, il n’est disponible en France que pour des épaisseurs de 12 ou 15mm. Pour respecter la jauge, il conviendrait alors d’utiliser du contreplaqué de 15mm d’épaisseur, ce qui conduirait à un bordé de 7.50 kg/m2, contre 4.9 kg/m2 pour le red cedar. Pour exemple, cela représenterait environ 60kg supplémentaire sur une coque de 12m2, soit environ 9% du poids en charge du bateau…
Seule une dérogation dans la jauge des 12m2 permettrait d’utiliser du contreplaqué de 12mm d’épaisseur pour le bordage. Avec environ 6kg le m2, le poids au mètre carré de bordé resterait de toute façon supérieur à un bordé de 14 mm en red cedar. L’idée doit donc être étudiée pour un éventuelle mise à jour de la jauge, toujours dans l’objectif d’économie de temps et de moyen de construction.
Vues en 3 dimensions au chapitre 10, en pages 8 et 9

4. Gréement

La présence d’échelle en tube carbone permet d’élargir l’ancrage des haubans, ce qui autorise l’utilisation d’un gréement dépourvu de barre de flèche. La mise en place d’un mat aile tournant est alors possible. Cependant, selon la jauge « les espars creux ou les bambous sont interdits ». Deux conditions sont alors nécessaires pour que le poids au mètre de ce profil reste raisonnable : la corde de ce profil sera modérée et le noyau sera fabriqué à partir de balsa. Pour ne pas rendre la fabrication de l’espar trop complexe, les sections de bois employées sont toutes de rectangulaires, réduisant ainsi le collage du mat à un simple empilement de planches de bois. Avec cette technique, le poids au mètre de ce profil est de 3.2kg, contre 2.5kg pour en profil classique en poire, soit une augmentation raisonnable de 25% de poids au mètre linéaire.
Profil du mat
Le mat est tenu par l’étai et les deux haubans. Ceux-ci sont en inox de diamètre 4mm par souci d’économie. Le tronçon inférieur du mat est rigidifié par deux barres de flèche basses et un losange. Sur le pont, une rotule permet la rotation du mat, l’effort de compression étant repris par une épontille et la cloison structurelle en CP.

5. Accastillage

Bien qu’étudié pour la vitesse, ce 12m2 fonctionne avec un accastillage simple et peu complexe. Il se compose principalement de :
  • Rail d’écoute de GV de 22mm, avec réglage latéral du chariot par palan
  • Palan de GV 4 brins avec poulie et taquet coinceur sur tourelle
  • Deux rails de 500mm + chariot à piston pour les écoutes de génois
  • 2 poulies de renvoi d’écoute de génois
  • Winch simple diamètre 75mm avec taquets coinceurs placés devant.
  • 2 poulies d’écoute de spi
  • 2 poulies de bras de spi
  • hale-bas de bôme
  • 1 hale-bas de tangon
  • Deux taquets d’amarrage
  • 4 chaumards 

6. Caractéristiques techniques, échantillonnages

Longueur au pont 7.134 m
Largeur au maître bau 1.46 m
Tirant d’eau 1.18 m
Lest 200 kg Déplacement en charge 685 kg
Longueur à la flottaison 5.05 m
Position du maître-bau 2.72m
Franc bord milieu 0.347m
Creux au quart du MB 0.472m
Surface mouillée 7.805 m2
Coefficient prismatique 0.59
Hauteur métacentrique 1.702m
Grande voile 7.87 m2 / 14.74 m2
Génois 4.12 m2 / 9.07m2
Spi 14.0 m2
Quille en lamelle d’Iroko
Bordé en western Red Cedar ep.14 mm
Bordé de pont en Red Cedar ep.14 mm
Membrure Contreplaqué ep.12
Cloison étanche av. et ar. de cockpit Contreplaqué ep.12
Couple structurel av. et ar. Contreplaqué ep.15
Varangue Iroko ep. 50mm au droit de la quille, ep.30 ailleurs
Bauquière en pin d’Oregon section 25x60 au centre, 25x40 aux extrémités
Barrots principaux en pin d’Oregon section 35x55 au centre, 35x45 aux extrémités
Barrot secondaire en pin d’Oregon section 25x44 au centre, 25x35 aux extrémités
Cloisons latérales longitudinales Contreplaqué ep.6
Hiloire en chêne ep. 10
Bôme en spruce, deux parties collées, section rectangulaire avec gorge pour ralingue
La mise à l’eau est facilitée par la présence de boulons à œil sur deux des boulons de quille, permettant un grutage avec élingue.

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